D’où me vient ce goût du voyage ?
✈ ✈ ✈
Moi qui me voyais faire toutes mes études à Strasbourg, ma ville natale, moi qui avais toujours voyagé avec ma famille et qui étais terrifiée à l’idée de partir 2 semaines en voyage linguistique en Angleterre, à 18 ans, quand d’autres prennent leur sac à dos à peine leur majorité atteinte pour parcourir le monde – comment m’est venue cette envie de partir alors que ce n’était pas franchement gagné ?
Je pense que mon père y a été pour beaucoup. L’entendre raconter ses histoires de Djibouti à n’en plus finir, ses rencontres en Grèce ou se souvenir, ému, du goût des fruits en Thaïlande, tout cela a certainement dû jouer un rôle.
Je ne peux pas non plus négliger la chance que j’ai eu de pouvoir voyager avec ma famille depuis toute petite : Grèce, Turquie, Tunisie, Autriche, Italie, Allemagne, Belgique, Ecosse, Irlande, et même en France, ça fait tout de même un sacré paquet de destinations (et d’heures de marche à visiter ces différents endroits) qui ne sont certainement pas pour rien dans mes rêves d’évasion.

Être obligée de quitter le cocon familial à 18 ans pour partir étudier dans une autre ville, enfin, m’a prouvé que je pouvais vivre seule et que désormais, je rentrais dans un chemin sans retour : le passage à l’âge adulte (même si on est d’accord, ça prend beaucoup de temps, le processus est encore loin d’être achevé et partir de la maison ne suffit pas. Je préfère parer aux rires de mes parents, qui ne tarderont pas à pleuvoir 🙆🏼♀️).
Petit à petit, les séparations du dimanche soir aux portes du train, l’éloignement, tout ça, sont devenus moins difficiles au fil de mes années d’études. Quand on commence à s’en accommoder, on se sent capable de faire plus de choses : partir loin n’est plus relayé au rang des choses inimaginables, cela devient une possibilité. Faire mon stage dans une ville inconnue l’an dernier en faisait partie, partir à l’autre bout de la planète – et y rester un peu plus longtemps que prévu – également. C’est comme si je forçais des chaînes invisibles et inconscientes à se briser, car ce que je n’envisageais même pas quelques années plus tôt devient aujourd’hui une réalité.
Parfois, je pense à la moi d’il y a 10 ans (et ça ne me rajeunit pas), ou même d’il y a 5 ans, et j’ai du mal à croire que j’ai parcouru tout ce chemin en si peu de temps (j’ai quitté la maison il y a 4 ans et demi), et surtout que je me retrouve à habiter dans un pays qui me faisait fantasmer, à même pas 25 ans.
Franchement, quand j’ai commencé à m’intéresser à la culture japonaise (ça a commencé par les mangas, oui, comme 98% des gens, mais je l’assume, les mangas peuvent très bien nous en apprendre plus sur le Japon !), je me disais vaguement que j’irai y faire un voyage plus tard, l’idée était floue et je n’étais pas bien sûre que cela arriverait. Cette idée a commencé à se faire plus précise lorsque j’ai intégré une école après ma prépa et que l’un des pays où l’on pouvait faire notre échange universitaire était le Japon. J’ai directement pensé à ce pays, mais même à ce moment-là, je n’étais pas encore certaine d’y aller et je ne m’imaginais pas concrètement passer 6 mois là-bas.
La suite de l’histoire, elle est assez simple : j’ai travaillé, classé mes choix d’université, attendu, attendu, encore attendu (quelques soucis techniques, certains sauront de quoi je parle), puis ai finalement reçu mes résultats. Et là, une dose d’adrénaline soudaine : « Ohlala, je pars au Japon ! ».

Les quelques mois de préparation n’étaient pas de tout repos, entre la recherche d’un job pour financer une partie de mon voyage, le job en lui-même, et surtout toutes les démarches administratives à ne pas oublier avant de partir (encore merci papa maman pour votre aide).
C’est finalement au moment de préparer sa valise, de prendre la voiture pour l’aéroport, puis lorsque les derniers « au revoir » arrivent qu’on prend l’ampleur de ce voyage, avec une boule dans la gorge (chez moi elle est pas dans le ventre lol). Mes jambes tremblaient, et puis une fois les portes d’embarquement passées, on a qu’une hâte : y être déjà, vivre des expériences incroyables, découvrir quelque chose de totalement différent.
Pour quelque chose de totalement différent, j’ai été servie : pour vous représenter le Japon, vous prenez la France… et vous inversez tout.
On roule à gauche, on fait la queue partout, on s’excuse et remercie des centaines de fois en s’inclinant, on respecte les règles à la lettre, on attend le feu vert au passage piéton pour traverser, on donne le ticket de bus lorsqu’on en sort et non lorsqu’on y entre, on renifle au lieu de se moucher, on ne mange ni ne boit en marchant… on pourrait écrire un livre avec toutes ces différences ! (Ça me fait penser que si vous souhaitez en apprendre plus sur la culture japonaise, je vous conseille le très bon livre Les Japonais de Karyn Poupée, un petit bijou très complet 👌🏻)
Après ces 4 premiers mois passés au Japon, je peux d’ores et déjà faire un petit bilan : j’aime beaucoup cette culture, si paradoxale, si riche, si étonnante. Tellement que j’ai décidé de rallonger « un peu » mon séjour : je ferai mon prochain stage au Japon, ce qui signifie que je reste 6 mois de plus que prévu ! 🙌🏻
Je ne serais pas contre y passer quelques années supplémentaires dans ma vie – on verra bien où le vent me portera. En même temps, j’ai aussi pris conscience de mon attachement à la France et à ma famille. Je ne pense donc pas que je passerai toute ma vie à l’étranger – pourquoi pas bouger de temps en temps, faire une partie de ma vie dans un autre vie, mais je tiens quand même à rentrer en France régulièrement.

On en vient donc à la question du manque. Je parle ici d’un vrai manque, que je n’avais jamais ressenti auparavant. Ce n’est définitivement pas comme dire « tu me manques » à quelqu’un qu’on n’a pas vu depuis une ou deux semaines, aussi amoureux•se soit-on de cette personne. Ce manque dont je parle est puissant, vous fait sentir un peu perdu•e parfois, pas complet•e – la définition du manque quoi.
Du coup, est-ce que la France me manque ? Oui, avec ses défauts, ses grèves, ses gens jamais contents (enfin dans une certaine limite hein), mais aussi avec sa liberté, sa légèreté de vivre, son insolence. Et puis, on ne va pas se le cacher, avec sa culture gastronomique si riche, parce que si j’aime beaucoup la cuisine japonaise, je ne dirais pas non à une bonne ratatouille de ma maman de temps en temps (sans oublier la baguette de pain croustillante pour saucer, un verre de vin et un bout de fromage en lançant des « honhonhon je suis la France » pour compléter ce portrait cliché).
Ce qui me manque encore plus que la France, c’est ma famille. Je pensais que ça irait, mais au bout de 2 mois, ça a commencé à s’immiscer dans mon esprit : aaah, j’aimerais bien passer un dimanche à la maison, manger une viennoiserie, m’ennuyer un coup, promener mon chien, prendre le « café-Kuchen » à la table du salon avec mes parents, ma sœur et ma grand-mère, et finir la soirée devant la télé. Des petits détails du quotidien, si banals, et qui prennent tant d’importance quand on s’en va. On a beau vivre des choses incroyables, tout le monde a beau envier vos découvertes, réaliser tout ce que vous manquez, des simples repas en famille aux naissances et grands événements des vies de chacun, les anniversaires et fêtes inclus, ce n’est pas toujours simple. Je ne vais pas me plaindre d’être loin, non ! Je réalise la chance immense que j’ai, je la mesure un peu plus chaque jour. Mais il faut être conscient que tout n’est pas tout rose non plus – Instagram n’est pas la vraie vie, et ne montre souvent que son côté positif.

Je suis bientôt à la moitié de mon périple japonais. J’ai vu beaucoup de choses, j’ai voyagé seule et en groupe, j’ai appris quelques bases en japonais, j’ai dépensé (beaucoup) d’argent, j’ai rencontré énormément de gens incroyables venant des 4 coins de la planète et tous très différents, j’ai été triste parfois, heureuse souvent, j’ai pris des milliers de photos, j’ai prié dans des dizaines de temples et sanctuaires, j’ai fait des overdoses de sushis… cependant, si mon expérience japonaise ne touche pas à sa fin tout de suite, mon semestre universitaire se termine bientôt, et c’est une dose de frayeur et d’adrénaline supplémentaire pour moi : je vais déménager, travailler dans un endroit que je ne connais pas encore, ne plus voir certaines personnes du tout, les autres beaucoup moins… ça me fait peur, oui, j’ai aussi peur que le manque soit encore plus fort, mais j’ai aussi hâte de voir comment tout cela va se passer.
Eleonor Roosevelt avait cette phrase : « Faites chaque jour une chose qui vous effraie ». Je n’en suis peut-être pas à une par jour mais j’ai définitivement fait plus de choses qui me terrifiaient ces derniers temps que dans tout le reste de ma vie. Je pense souvent à cette phrase (je ne la cite pas au hasard, ça fait plus de 10 ans que je suis tombée sur cette phrase et elle me revient souvent ^^) quand j’ai peur de faire quelque chose, j’espère qu’elle vous inspirera également. 😉
2018 m’a prouvé que j’étais capable de partir loin, oser, assumer mes positions. Et ça fait bizarre de pouvoir se rendre compte que tant de changements ont eu lieu en seulement une petite année. Ça me donne confiance en moi (et ça c’est non négligeable me connaissant haha), me donne l’envie de continuer, recommencer, me dépasser. J’ai hâte de voir ce que 2019 m’apportera, et j’espère que cette année vous permettra aussi d’accomplir des choses incroyables. 💚

Merci à vous de suivre mes pérégrinations, vous êtes un peu comme une seconde famille que j’emmène partout avec moi 😄
Merci surtout à ma famille, parce que je n’en serai pas là aujourd’hui sans elle. Je lui dois beaucoup et j’en suis consciente. 💛
Et pour ceux qui viennent de me rejoindre, vous pouvez me retrouver sur Instagram et Facebook !
Bonne année 2019 à tous,
Vadrouillement vôtre,
Valentine Vadrouille 😘